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Dans L'Homme de génie et la mélancolie, Aristote se demande " pour quelle raison tous ceux qui ont été des hommes d'exception, en ce qui regarde la philosophie, la science de l'Etat, la poésie et les arts, sont manifestement mélancoliques ". Peut-on être mélancolique et pourtant joyeux, affirmer comme le fait Thomas Bernhard dans sa pièce Minetti que " la vie est une farce avec issue létale que l'homme intelligent appelle existence " - et en rire malgré tout ? L'échec, thème obsessionnel, domine toute l'œuvre de Bernhard.
Mais par un détachement amusé, par un dosage subtil et séduisant entre résignation et révolte, il tient l'échec en échec, il en fait un art. L'humour, cette " politesse du désespoir ", est comme une aisance à se mouvoir entre les extrêmes qui s'adapte à l'irréversible et rit de sa propre mélancolie. Par ailleurs, son œuvre est nourrie, traversée, hantée par l'Autriche. Un des aspects les plus marquants de ses écrits est la critique virulente de son pays auquel il reste pourtant profondément, charnellement attaché.
Provocateur et redresseur de torts, il élabore un art de l'irritation qui, en fait, est un art d'exister. C'est vivre dans une sorte de relation amour-haine envers toute chose.