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À la faveur d'un tel exemple, le sens de l'oeuvre mannienne s'éclaire pleinement. La mort n'y a exercé ses séductions que pour porter les hommes plus loin qu'eux-mêmes, pour qu'au delà de leur enveloppe corruptible et complaisante à la volupté la survie fût assurée à l'esprit dans la lumière et la joie. Miracle de l'art : par lui est venue la tentation funèbre, et c'est par lui que se fait la résurrection.
Ainsi Thomas Mann peut être assuré que sera confirmé le jugement qu'il a porté un jour sur lui-même : « Si je nourris quelque souhait quant à la renommée posthume de mon oeuvre, c'est que d'elle on puisse dire plus tard qu'elle est amie de la vie bien que consciente de la mort. Oui, mon oeuvre est liée à la mort, elle la connaît, mais elle veut du bien à la vie. Envers la vie, il est deux sortes d'amitié : l'une qui ne sait rien de la vie et qui est toute naïve et robuste ; et une autre qui sait la mort et celle-là seule, à mon sens, détient une pleine valeur spirituelle.
Elle est l'amitié que portent à la vie les artistes, les poètes et les écrivains. »