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Cet ouvrage aborde l'enjeu de la traduction en sciences sociales à partir d'un sujet d'actualité, celui de la citoyenneté. Le choix de ce thème, traité lors d'un colloque organisé en octobre 2012 par l'Institut français du Proche-Orient et la revue Transeuropéennes à Amman, résonnait alors de part et d'autre de la Méditerranée de façon paradoxale : il faisait écho d'un côté à l'espoir surgi des soulèvements populaires dans un grand nombre de pays arabes depuis 2011, de l'autre à la crise du projet politique européen dans plusieurs pays de l'Union européenne.
Comment, dans ce contexte, penser la circulation d'une notion qui, souvent, semble aller de soi dans le cadre des processus de démocratisation, alors même que l'histoire révèle des généalogies différentes selon les pays, les circonstances de la construction de l'État, du système politique, de l'entité nationale. La traduction se pense ici dans le double sens de circulation des idées et de traduction des mots.
Un travail de réflexion autour de la traduction, de ses difficultés, de ses défis et de ses enjeux a été réalisé à partir de quelques-unes des contributions au colloque. Les sept textes présentés ici, rédigés en français, en arabe ou en anglais, ont fait l'objet d'une traduction vers l'une des deux autres langues. Simultanément, les principales notions mobilisées dans chaque article et les difficultés éventuelles soulevées lors du passage dans une autre langue - porteuse d'une autre histoire - étaient repérées et discutées.
Ce travail vise ainsi à mettre en évidence la diversité des constructions historiques de l'idée de citoyenneté, variables selon les conceptions du politique, les trajectoires nationales et les expériences étatiques. Il s'agit d'autre part, et en même temps, d'interroger les mots utilisés dans différentes langues et les effets du passage d'une langue à une autre.