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Dans le cercle de Tebessa, entre 1851 et 1912, une correspondance, presque quotidienne, relie les caïds aux officiers français du Bureau arabe. Dans ces lettres s'expriment les problèmes quotidiens de la vie des Algériens, et la difficulté pour la puissance coloniale de contrôler une population aux mours bien peu conformes aux attentes de Français et de militaires. Coincés entre l'autorité militaire et le peuple algérien, les caïds s'efforcent de développer des stratégies de pouvoir, qui ne coïncident pas toujours avec les objectifs militaires : l'histoire du personnel indigène est ponctuée de révocations, mises en garde, mutations.
On saisit là, sur le vif, et dans la langue d'origine, les difficultés majeures de l'entreprise coloniale. Agrégée d'histoire, licenciée d'arabe, Colette Establet s'intéresse aux sources arabes de l'histoire moderne et contemporaine. Elle a étudié, aux Archives de la France d'Outre-mer à Aix-en-Provence, un corpus de lettres arabes écrites au XIXe siècle par des caïds des Némenchas. Actuellement, elle est intégrée comme chercheur associé à l'Institut de recherches et d'études du monde arabe et musulman (IREMAM), à Aix-en-Provence, où elle se consacre à l'exploitation des inventaires après décès damascènes du XVIIIe siècle.