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Les métropoles d'Afrique du Sud et du Nigeria sont réputées dangereuses, bidonvillisées et dominées par l'économie informelle. Peu est su en revanche de la manière dont les populations y sont triées, catégorisées et policées, en droite ligne avec les méthodes de réification ethnique et sociale de l'apartheid et de la période coloniale.À Johannesburg, au Cap, à Lagos et à Ibadan, les quatre villes où l'auteur a enquêté, un gouvernement du tri et de l'exclusion assigne des droits, des peines et des interdits à des catégories considérées comme problématiques (délinquants, jeunes, migrants, femmes seules, vendeuses de rue) ; des organisations non étatiques surveillent au quotidien les quartiers populaires, les gouvernent la nuit et usent de violence contre les jeunes ou les étrangers.
De la rue au marché, de la gare routière au guichet de l'administration, s'instaure un maquis de petits arrangements qui contournent exclusions et discriminations. L'accès à ces lieux est en permanence contesté et négocié auprès d'individus en posture d'autorité (fonctionnaires, responsables syndicaux, parrains politiques, gouverneurs) par des habitants à la recherche d'un service, d'une autorisation, d'un document, d'un soutien, d'une place sur un marché ou à l'université.
Dans cette réalité urbaine imprévisible qui échappe à la planification, individus et groupes sociaux modifient des pans essentiels de l'action publique par l'exclusion et la violence autant que par la négociation.