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« Le tombeau de saint Martin, témoin de miracles sans nombre, fut le but d'un pèlerinage très-fréquenté durant de longs siècles. Malgré les calamités publiques qui désolèrent trop souvent notre pays, le chemin de la basilique de Saint-Martin ne resta jamais désert. Les populations chrétiennes accouraient à Tours de toutes les contrées du monde. Grands et petits, riches et pauvres, venaient avec un égal empressement rendre hommage au patron des Gaules.
Tous étaient attirés soit par l'espoir, soit par la reconnaissance : tous rivalisaient de zèle pour célébrer sa protection puissante et chanter ses louanges.
Nous n'avons point à redire ici ces merveilles. Si nous en rappelons le souvenir, c'est seulement pour exciter, envers notre illustre Protecteur, la confiance qui ne s'est jamais éteinte dans les cours, et que justifieront toujours de nouvelles faveurs dues à son intercession.
En 1562, la Providence permit que les huguenots, devenus maîtres de la ville de Tours, missent au pillage toutes les églises, et consommassent leurs forfaits par le plus affreux sacrilège : ils livrèrent aux flammes les reliques de saint Martin.
Cet attentat causa une douleur universelle. Dieu, cependant, pour consoler ses fidèles serviteurs, inspira à un vertueux prêtre le courage de braver la mort, afin d'arracher au : feu quelques parcelles, au moins, de ces précieuses reliques. Un dévouement si héroïque reçut sa récompense. Il sauva la majeure partie du chef et un os de l'avant-bras du saint évêque de Tours, et nous les possédons encore.
D'autres dévastations, plus terribles encore que les précédentes, vinrent affliger et bouleverser la.
France à la fin du siècle dernier. La basilique de Saint-Martin fut emportée par l'orage. On gémissait à la pensée que cette destruction pût être irréparable. On regrettait amèrement surtout de voir le tombeau de notre grand évêque profané et à jamais perdu pour la piété des fidèles. Une fausse tradition prétendait que l'emplacement du sépulcre se trouvait au milieu de la voie publique. Après plus d'un demi-siècle, l'erreur fut reconnue à l'aide d'un plan enfoui jusque-là-dans la poussière des Archives du département d'Indre-et-Loire.
C'était une véritable découverte, et les dévots serviteurs de saint Martin en furent ravis de joie. Grâce à un dévouement généreux, qui n'a pas tardé à obtenir sa récompense, le 11 novembre 1860, on retrouva le tombeau de saint Martin, conservé, comme par miracle, au milieu des décombres de l'antique église. Cette invention a été un jour de fête. Les pèlerins pourront donc venir encore s'agenouiller autour de cette glorieuse tombe, et le sanctuaire de saint Martin redeviendra la terre des miracles !
Cet heureux événement a fait naître la pensée de publier la Vie de saint Martin, par Sulpice Sévère, disciple du saint évêque de Tours.
La lecture de ce volume réveillera la dévotion envers notre thaumaturge. Puisse le nom de saint Martin se trouver sur toutes les lèvres ; puisse la charité, dont il a été un si parfait modèle, régner dans tous les cours ! »
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.