Armorique comprise

" Les terres africaines et les terres noires de Bretagne, dentelles aux jours minéraux, filtrent et drapent le regard de Michel Cossec, dans ce recueil à fleur de peau, des poèmes où se dit la perception sensuelle d'une géographie onirique : les contours d'un continent mentalement intégré attisent la contemplation et le questionnement existentiel. Ce pays aux rives extrêmes existe. Sous la plume de Michel Cossec, les nuages se font algues ou rosaces aux vitraux éblouis, non les cavatines qui se meurent sur la promenade mais les horizons chavirés à l'ombre du grand silence où se joue le poème.
En filigrane, les sorciers endiablent les roches levées de la Bretagne ou des mangroves de Casamance, là où les fenêtres végétales font signe au passant inspiré, avide de délire. Les poèmes cisèlent et sculptent dans la feuille comme dans un espace dramatisé par la typographie : signes graphiques, blancs étonnés, non pour orienter l'axe de lecture, mais pour ancrer cette rumeur essentielle qui vient du rêve, de l'inédit, de l'invisible ou de l'interdit, rumeur dont les échos écrits font naviguer encore plus loin que ces contrées, qui affluent à fleur de lèvres, baiser profond de Braspart à Bandial, là où précisément Michel Cossec nous fait voyager, nous fait rêver dans l'éclat des miroirs et des nuages considérables, ces reliefs où tout se voit de l'intérieur.
D'Afrique jusqu'au Finistère, ses mots épousent les marées, les ressacs et la solitude électrique du silence, si beau. Jean-Claude Chenut".