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L'habitude rend parfois aveugle, sourd et indifférent. Quand vient l'heure de la curée, qu'une force mystérieuse empêche de parler, de crier, d'aimer, les souvenirs s'insurgent contre la réalité. Le passé remonte le cours des souvenirs comme une fumée asphyxiante. Il dégouline sous la peau. Les cris se pressent dans le larynx, s'étouffent à l'intérieur d'une bouche goulue, le cerveau refuse de restituer les images tendres du passé, le jour et la nuit se font et se défont comme les vagues du bord de mer où n'apparaît plus que l'écume.
On se réveille dans l'envers d'un monde qui a été sien. La raison somnole ; l'être sensé regarde ahuri le phénomène. Que reste-t-il ? L'imagination que l'on suit dans l'errance, la divagation, l'exaltation. Les fils de la vie se dénouent sur une société tumultueuse, sur des êtres partagés entre des tentations paradoxales, comme le désir de s'affranchir des attaches et des préjugés sans renier les racines ou les fidélités.
Un périple dans les tréfonds de sociétés qui livrent des traits de l'humaine condition, ne laissant pour choix que l'errance dans le réel ou l'imaginaire, dans la pensée et le souvenir, dans l'histoire et la mémoire. Dans le même espace, une image éclatante de clarté défile ; dans son sillage, un parfum enivrant... Un moment suspendu à la méditation pour se perdre dans le rêve et s'y réfugier.