En cours de chargement...
Tout regard attentif porté sur les textes fondateurs d'une tradition culturelle les fait apparaître dans un halo de formulations divergentes, de variantes, de phases de rédaction antérieures, de corrections après édition, qui facilitent aux lecteurs puis aux exégètes la remise en cause du sens, son déplacement. Au-delà des représentations techniques des variantes, la recherche sur le devenir des textes fait vite intervenir des phénomènes de longue durée concernant la conception de la langue, de l'historicité des formes linguistiques et de leur relation avec les définitions de la raison.
Arrivé à ce stade, on doit s'apercevoir que ces phénomènes culturels se distinguent selon les ancrages nationaux.
Non que les représentations française et allemande des textes et de leur genèse, pour prendre les deux principaux cas de figure, soient complètement hétérogènes. Au contraire, les importations, les croisements de méthodes jalonnent l'histoire de la relation critique au manuscrit. Les systèmes concurrents ne s'épuisent pas dans des techniques de présentation mais font entrer en ligne de compte le conflit des mémoires nationales avec leurs taxinomies archivistiques incompatibles, le conflit des conceptions de la langue et des rituels d'appropriation des œuvres.
En utilisant au passage les thématisations littéraires de la philologie, on parviendra à cerner la vertu des imbrications franco-allemandes (reconnues ou refoulées) dans la mise en place d'une réflexion sur le devenir des textes.