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Au printemps 1801, les premiers préfets du Consulat reçoivent mission de partir à la découverte de la France. Alliant la préoccupation politique (construire la nation) et le projet savant (connaître la société), ils vont visiter chaque département, dénombrer les hommes et les ressources, observer les manières de vivre. Quel rapport existe-t-il entre la genèse de l'Etat administratif et l'émergence d'une science sociale ? Telle est la question centrale de ce livre.
Questionnaires en poche, administrateurs et notables se trouvent sur le terrain associés dans une commune volonté de recenser et classer la pluralité insaisissable d'une France encore toute rurale, coutumière et patoisante. Leurs descriptions disent la difficulté des hommes de ce temps à penser la société selon les principes individualistes, égalitaires et uniformes nés de la Révolution. Dès l'Empire, l'ambition d'une statistique générale de la France est délaissée au profit d'enquêtes sectorielles, chiffrées, immédiatement utiles : la science de l'Etat devient alors quantitative.
Elle l'est restée. Avec cet éclairage porté sur l'articulation des modes de la connaissance, des pratiques sociales et des formes du pouvoir, surgit une approche neuve de la trajectoire des sciences sociales et des origines de l'Etat moderne.