Les Français lisent de moins en moins de quotidiens nationaux. Dans cette désaffection qui frappe les journaux, s'est-on demandé quelle est la responsabilité de leurs principaux artisans, les patrons de presse et les journalistes ? Les premiers, souvent ignorants de l'univers de l'information, prisonniers d'idées reçues héritées des temps héroïques, n'ont de leur lectorat qu'une image imprécise. Les seconds, esclaves de la routine, aveuglés par les lumières de l'audiovisuel, cherchent parfois à se servir pour leur promotion personnelle des journaux qu'ils sont censés servir. Depuis quarante ans, Bernard Morrot partage bonheurs et malheurs de la presse quotidienne française.
" Dans notre profession, écrit-il, il n'y a pas que des chiens de garde du capitalisme. On trouve aussi des toutous, des bâtards enragés, de stupides Rantanplan ou d'odieux cabots qui contribuent très efficacement à la lente mise à mort des journaux rescapés. " Retraçant son parcours professionnel, il peint, avec un humour parfois féroce, une profession ligotée à ses privilèges, égarée par les fantasmes du star-system ou de la reconnaissance mondaine.
Une profession qui ne retrouvera le chemin du succès qu'en se mettant - enfin - à l'écoute de ses lecteurs.