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La phénoménologie est née en Allemagne au début du XXe siècle. A ce courant de pensée se sont ralliés, dans une fidélité plus ou moins grande à son fondateur, Husserl, des auteurs aussi différents que Heidegger, Scheler ou Fink, non sans que chacun ait d'abord pris la mesure de l'ambition d'un projet qui consistait à réaffirmer le sens de la philosophie en lui assignant pour objet un certain absolu, jugé comme tel "irréductible".
Bien entendu, les philosophes français ne furent pas en reste : Sartre, Merleau-Ponty, Levinas, Derrida, Henry, Marion ont tous eu à coeur de renouveler à leur façon la phénoménologie - en interrogeant à nouveaux frais ses enjeux. En revenant sur l'histoire de ce courant, Paul Audi y effectue une sorte de coupe transversale dans l'intention de montrer que, chez la plupart de ces penseurs, tout se sera passé comme si on avait entendu un même ordre de mission, à savoir cette phrase que Sartre a énoncée en 1934 dans son tout premier écrit phénoménologique : " Soyons plus radicaux " .
Pourquoi et comment ce devoir de radicalité a-t-il pris auprès d'eux le statut d'un mot d'ordre ? Quelles leçons devrions-nous aujourd'hui en tirer ? Une de ces leçons ne revient-elle pas à dire que si, en phénoménologie, la demande de radicalité a bien sa raison d'être, elle n'en révèle pas moins les limites de la discipline - des limites qui pourraient bien expliquer pour partie son essoufflement actuel ?