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L'entrée de Montréal dans la littérature : on est heureux qu'un livre de grande qualité permette au public français de saluer comme il se doit cet événement. De la métropole canadienne, Jean Basile ne nous montre, certes, qu'un petit nombre de personnages : trois garçons et deux filles. Surtout Jérémie, le narrateur, qui aime trop les femmes, Judith, qui aime trop les hommes, Jonathan, dont l'ambition est de n'aimer personne.
Sous ces très vieux noms, battent des coeurs d'une folle jeunesse. Tout citadins qu'ils sont, les héros de Basile vivent sans autres lois que les leurs, comme ces petits cavaliers noirauds passés dans la mythologie sous le nom de Mongols. Jusqu'à ce qu'une jument les emporte dans son galop qui sera peut-être plus qu'un jeu... Roman d'amour, roman sur une certaine jeunesse qu'on ne trouvera pas si différente d'un bord à l'autre de l'Océan, La Jument des Mongols est d'abord un roman littéraire, le roman d'un prospecteur de mots qui invente son langage et laisse de longues phrases, amples et saccadées à la fois, prendre le mors aux dents.
On ne résiste pas à la fascination qu'elles exercent, on est, page après page, toujours au coeur de la toile dont Jean Basile dévide les fils interminables qui tiennent le lecteur prisonnier d'un monde où le jeu se dénoue en tragédie, où le cynisme et l'humour sont les masques de la tendresse et du désarroi, où la solitude ricane et sanglote. Ce premier roman s'impose absolument. Il y a là un monde et un ton.