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Ecole, divorce, avortement, homosexualité, marxisme, défense nucléaire : il n'est apparemment pas de grand débat contemporain qui échappe à l'épiscopat français. Exprimant les positions de l'Eglise par ses lettres pastorales et ses déclarations, l'épiscopat semble être dans sa collégialité un et indivisible. Hier encore, dans un pays pratiquant, les évêques veillaient à ce que la France, malgré la République, demeurât la fille aînée d'une Eglise triomphante.
Aujourd'hui, les généraux de Dieu ne sont plus que ses lieutenants. La déchristianisation a clairsemé les rangs de leurs troupes, mais surtout le concile Vatican II a bouleversé l'Eglise de France. L'épiscopat n'est plus le sourcilleux gardien d'un dogme assuré : il est désormais en quête _ dans une République acceptée _ d'un langage commun au monde et à l'Eglise. A la reconquête des positions perdues dans une France plus que jamais terre de mission, l'épiscopat n'est pas uniquement une institution à comprendre en ses conférences unanimistes, mais un groupe à saisir là où il agit : dans ses diocèses.
Car les évêques de France ne se ressemblent pas. Chacun d'entre eux, par sa formation et sa vocation, a une certaine idée du sacerdoce, de la vie de l'Eglise de France, du catholicisme en République et dans le monde. Investi d'une autorité qui fait de lui le surveillant de l'Eglise diocésaine comme miroir de l'Eglise universelle, chaque évêque est aujourd'hui à la croisée de deux chemins : il doit garantir la tradition et explorer le souhaitable.
Pour la première fois, à partir notamment de questionnaires soumis à tous les évêques, un ouvrage dresse un portrait de groupe respectueux de la diversité des comportements et des individualités. A l'horizon élargi de cet ouvrage de référence, c'est bien de l'Eglise de France en politique qu'il est ici question : comment le clerc de l'Eglise peut-il être un citoyen particulier _ contribuant à la mission commune de la société où il exerce son ministère _ et le témoin d'une universalité de l'Eglise, d'autant plus exigeante qu'il sera évêque, c'est-à-dire " élu par les siens et frère avec eux "? Catherine Grémion, sociologue, directrice de recherche au CNRS, dirige le Centre de Sociologie des Organisations.
Elle est notamment l'auteur de Profession : décideurs. Historien, Philippe Levillain, professeur à l'Université Lille-III et auteur d'une thèse d'Etat sur Albert de Mun et le ralliement du catholicisme français à la République, a récemment publié Le Vatican ou les frontières de la Grâce.