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Avec Le livre de Juste, Lucette Desvignes remonte aux sources d'une parole. Comme les âmes des morts venaient, selon Homère, boire aux pieds d'Ulysse, les voix du passé s'arrachent à l'oubli et murmurent à l'oreille de Juste. De quoi parlent-elles, ces voix ? Du terrible été 1832 - l'année du choléra -, de la Commune de Paris et de la Grande Guerre, de Munich et de mai 40. D'une famille qui laissa son Nivernais natal pour la Bourgogne, emportant avec elle ses souvenirs, ses secrets.
D'une petite paysanne violée par le fils d'un propriétaire terrien qui aimait trop les jeunes filles et les ciels de Corot. Et ce fleuve de parole forme comme un grand livre dont les signes s'effacent peu à peu, car le peuple aux mains nues n'écrit pas. Instituteur, fils de paysans pauvres, Juste a décidé d'écrire. Le livre l'obsède comme une tâche à laquelle il ne peut se dérober, un acte de salut qui rachèterait la violence, l'orgueil et la démesure des hommes.
Mais ce projet n'est-il pas lui-même une sorte de folie, un vain défi jeté à la face du destin ?