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Bien des contes, récits animaliers, romans, poèmes, encyclopédies ou histoires naturelles accordent une place de choix aux animaux. Les bestiaires, plus que tout autre genre, leur donnent un statut privilégié. Les bestiaires médiévaux, par leurs pratiques diversifiées, posent la question suivante : comment faire entrer l'animal dans l'organisation et le pouvoir de signification du livre ? Premier élément de réponse, la structure : le genre du bestiaire reflète l'instabilité des classifications du vivant et les incertitudes du savoir sur le monde qu'il soit philosophique, scientifique ou artistique.
Deuxième élément : la valeur originelle de l'animal, à travers les codes du récit mythique et de la poésie, permet de dire l'origine de la littérature et de creuser la profondeur des sentiments les plus intimes. Le bestiaire individuel des écrivains renoue avec la dimension interprétative des premiers bestiaires et ouvre la voie à trois discours, sur l'homme, sur le monde qui l'entoure, comme sur la possibilité d'un autre monde.
La complexité des liens entre animal et homme est autant affaire de relations, entre l'animal domestique et son maître, que de reflet, voire de caricature. Les bestiaires d'écrivains déploient idées et croyances, dans une perspective politique, sociale ou spirituelle qui va du grave à l'excentrique. Ils peuvent, à l'inverse, surtout à l'époque contemporaine, réactiver l'énergie de la description et traduire la fascination d'une rupture avec le réel, inscrite dans l'altérité de l'animal.
Les contributions de ce recueil réuni en hommage à Ariette Bouloumié tentent de saisir comment le bestiaire a forgé un imaginaire inscrit tant dans son personnel animalier que dans ses codes génériques. Les écrivains, privilégiant tantôt la description des formes ou des comportements, tantôt la quête des significations, n'ont cessé de diversifier ce dosage.