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La vie élégante n'est-elle qu'affaire de comportement, voire de naissance ? Se résume-t-elle au savoir-vivre ? Nombreuses sont les oeuvres littéraires du XIXe siècle qui traitent de cette question, explicitement ou au détour d'un personnage d'élégante ou de dandy. C'est au début de ce siècle que s'invente le concept de vie élégante, magistralement illustré en 1830 par Balzac avec son célèbre traité.
La notion parcourra tout le siècle, jusqu'à la Belle Epoque. Au-delà en effet des redingotes serrées à la taille ou des chapeaux surchargés, l'élitisme de l'élégance interroge l'avenir d'une société traversée d'aspirations égalitaires. Jonglant entre naturel et affectation, entre ostentation un peu vulgaire et discrétion tout aristocratique, entre originalité et respect des conventions ou bienséances de la vie mondaine dont elle est proche sans se confondre avec elle, la vie élégante impose ses codes et modèles grâce à la presse.
Elle nourrit le goût du siècle pour les descriptions réalistes, picturales et raffinées mais elle interroge surtout la différence ontologique entre l'être et le paraître, d'où le tropisme naturel de la littérature à s'y consacrer. Qualité aristocratique à l'origine, l'élégance interroge la sociabilité mondaine, le parisianisme, l'art de vivre, autant que l'écriture même et son style. Les présentes contributions, réunies en hommage à Anne-Simone Dufief, témoignent de la fécondité du concept de vie élégante pour approcher l'éthique et la sociologie de la France du XIXe siècle.