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La dernière fois que je suis resté cloué à un fauteuil de cinéma après que la lumière soit revenue dans la salle, c'était à la projection du film Le cuisinier, le voleur, la femme et son amant à la cinémathèque de la Maison des Jeunes du quartier de mon bled. Un film du temps de mes 18 ans, baroque et cruel. Carnassier. Fascinant. Avec Lucie, un nouveau scénario s'inventait. Elle ne pouvait pas m'ignorer.
Nous étions seuls, j'étais cramponné aux accoudoirs de mon fauteuil et je la fixais avec ahurissement. Attention. Je ne dis pas que j'étais ahuri (quoi que j'en aie eu sûrement l'air) mais qu'en moi un ahurissement gonflait. Ce n'est pas parce que je n'ai pas d'éducation (comme disent les gens qui prétendent en avoir) que les mots ne m'intéressent pas. Au contraire. Je suis un malade des mots, un intraitable de leur subtilité, un psychopathe de leur sens, je ne connais qu'eux pour rétablir l'équilibre au milieu de la confusion qu'elle soit des genres, des situations ou des sentiments.
Ils ne m'ont pas encore tué mais, détournés de leur intention, ils me rendent fou ; indigestes, ils me cognent au foie. Et je sais m'en servir. (...)