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«De l'autre côté de la cour, une maison en dur sur le seuil de laquelle nous attendait un homme glabre. En dépit de l'obscurité, je le reconnus immédiatement : Jean, mon fils ! Il adressa une recommandation à la vieille femme... Je crus reconnaître le mot chaï. - Assieds-toi Nazara, la mara va nous préparer le thé... As-tu mangé, veux-tu un bol de mil, ou de riz ? Je déclinai l'offre, me contentant du thé.
- Eh bien, Jean, te voilà devenu Aboudiguine, qu'as-tu fait de ta barbe ? - Abandonnée sur le champ de bataille ! - Bien joué ! Pendant que les autorités recherchent un barbu, toi tu rigoles en te rasant tous les matins... - Il y a longtemps que plus personne ne me poursuit. Les massacres d'Abéché en janvier 1994 m'avaient poussé à la dissidence. Avec la centaine d'hommes groupée autour de moi, nous avons joué à la guerre...
Pendant que vous, les gens civilisés, regardiez les massacres à la télévision tout en mangeant votre hamburger, moi, je tuais... - Personne ne t'en blâmera... Ton engagement se justifie ! - Tu parles comme un marchand d'armes, ou pire, un grand reporter ! Pendant plus d'une année, j'ai massacré tout ce qui portait une arme. Ma mission, celle que je m'étais fixée, consistait à juguler la violence...
Or on ne jugule pas la violence par les armes. Bien au contraire, on la multiplie.»