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Conditionnée longtemps par la fabrication d'objets pour eux
même selon une visée séculaire, donc faite pour durer et
donner du sens ou du moins incarner des valeurs collectives,
l'architecture contemporaine énonce les transformations en
cours. En cela, elle est action, spectacle, enjeu de marketing
tout autant que mégapolitaine, spectrale ou hyper. A lui seul,
le musée Guggenheim de Bilbao incarne ce processus de
transformations où l'architecture devient événement au même
titre que Disneyland, une stratégie de l'action et du
spectaculaire dont, dès les années 1960, Guy Debord
soupçonnait l'avènement.
Surenchère économique,
performativité, flux, hypermédias noient la notion d'oeuvre
dans l'instant qui dilue toute production et accepte tous les
simulacres. Auparavant lieu d'anticipation, le projet
d'architecture devient le lieu de récits, de fictions que hante la
technologie. Au site donné et contextuel, succèdent l'hyper-
territoire et l'hyper-ville que décrivent André Corboz et Rem
Koolhaas.
Une technologie triomphante s'impose dans les
outils mobilisés pour concevoir les édifices et les construire :
aucunes des formes courbes, gauches, plissées actuelles ne
seraient possibles sans d'importantes innovations permettant
de les dessiner puis de les fabriquer. Cette interaction homme
machine semble ouvrir un champ inépuisable, en perpétuelle
recomposition, évoluant au gré du développement du
numérique et produisant une architecture ayant pour objet,
bien plus que des bâtiments, la transformation du sujet
contemporain.