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" En relations internationales, les grands font ce qu'ils veulent et les petits ce qu'ils peuvent ". Cette phrase, du théoricien réaliste des relations internationales Hans Morgenthau, a quelque chose d'anthropologique et de simple, une façon première d'envisager le rapport de force. Mais l'histoire du monde montre que la force ne peut pas seulement être pensée en termes physiques, comme la capacité à en avoir plus que l'adversaire et, ainsi, soit le détruire, soit le dominer.
En effet, dans les relations entre humains, si le rapport du fort au faible apparaît, en cas de conflit, une péripétie dont la fin est écrite à l'avance, dans un second temps, la capacité d'organisation, de persuasion et de se faire des alliés peut renverser cette relation asymétrique. Par ailleurs, une vue contemporaine affirme que : " Dans le domaine de la politique internationale (...) les préférences des acteurs sont souvent inconnues, chaque participant dispose de nombreuses stratégies possibles, et les coûts et bénéfices des différents scénarios sont incertains ".
En somme, les entités collectives, comme les humains, ont à leur disposition plusieurs identités, dont ils changent selon l'interlocuteur ou la circonstance, ce qui peut rendre imprévisible l'issue d'un rapport de force. Ce livre analyse plusieurs types d'ambivalence des rapports de force, d'abord dans le domaine militaire, puisqu'il part du présupposé que l'art de la guerre peut permettre de comprendre les agissements du monde civil, mais aussi dans les relations entre syndicats, pouvoirs publics et patronat, dans les relations entre professeur et élève ; ou, encore, dans le marxisme, pour comprendre la force des explications de la dynamique sociale en termes de base matérielle ou d'entités super-structurelles.