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Oeuvre phare du théâtre de Shakespeare, monument de la littérature universelle et pièce la plus souvent jouée du répertoire, Hamlet continue de susciter des interrogations et des commentaires infinis - paradoxe de cette tragédie réputée rétive à l'exégèse et à l'explication. Célèbre pour ses sept soliloques, où l'intériorité semble faire barrage à l'action dramatique, l'hybridité de son ton et de son genre, et le dilemme d'un prince mélancolique dont les romantiques - notamment en France - ont fait un symbole de leur propre esthétique et Freud et ses disciples un cas clinique, la pièce l'est aussi pour le regard particulier qu'elle porte sur le monde du théâtre (les troupes de comédiens) et sur l'opération théâtrale elle-même ("Le Meurtre de Gonzague", "La Souricière"), dans une sorte de réflexivité au carré : une succession de mises en abyme et de jeux de miroirs vertigineux où chaque situation se trouve réfractée.
La pièce détourne ainsi le schéma traditionnel de la tragédie de la vengeance et entrelace carnage domestique et ruine du corps politique empoisonné, toujours par le biais de la métaphore théâtrale. Enfin, Hamlet interroge la mort et l'au-delà, qui est aussi l'au-delà du théâtre, mêlant le dramatique et la métaphysique. C'est l'une des interprétations possibles qu'on peut donner aux derniers mots du prince mourant : "the rest is silence" (5.2.337).