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Depuis la seconde guerre mondiale "l'impératif industriel" est à l'ordre du jour en France. Doter le pays d'une armature industrielle compétitive en même temps que moderniser l'agriculture ont été des préoccupations complémentaires et omniprésentes dans la vie économique et politique ; les objectifs des plans l'attestent. Les trois dernières décennies ont été marquées par la diminution massive de la population active agricole et son passage à l'industrie.
D'abord contraint à l'exode vers les grandes villes, le réservoir de main-d'oeuvre constitué par la paysannerie a trouvé de plus en plus, à partir de 1970, à s'embaucher sur place : l'usine aux champs, le bocage industriel, puis le maillage industriel sont devenus des slogans tant pour l'aménageur soucieux d'endiguer le flot de l'exode rural que pour le chef d'entreprise désireux de contourner le tumulte incontrôlable des "grosses boîtes décentralisées".
C'est qu'à l'instar des "Betteraviers de Cléon" ou de leurs homologues de la Saviem de Blainville en 1968, les ouvriers d'origine agricole exilés dans les grandes concentrations industrielles et urbaines ont étonné à la fois par leur "adaptation à l'entreprise" et par leur combativité. Ces ouvriers de l'industrie en milieu rural, (les ouvriers ruraux), ont causé aussi la surprise en provoquant une redistribution des forces sociales dans les campagnes, en même temps qu'ils ont donné naissance à de nouveaux types de lutte.
Ce livre rassemble deux recherches entreprises dans des lieux, des moments et des conditions dissemblables. Elles concernent ces deux étapes successives et complémentaires du développement industriel (la mutation-exode des ruraux d'une part, l'industrialisation aux champs d'autre part) et les nouvelles formes de luttes qui l'ont accompagné.