L'Eglise catholique est durement affectée par des processus variés qui ébranlent, les uns après les autres, les fondements mêmes de son existence en tant qu'institution. En analysant les différentes facettes de cette crise, en étudiant les façons dont les catholiques en France " appartiennent " à l'Eglise mais aussi la contestent ou s'en détournent, Jacques Lagroye (1936-2009), ancien directeur du département de science politique de la Sorbonne (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), nous montre que "bien des ruptures résultent d'un amour déçu, mais aussi bien des efforts, parfois pathétiques, pour préserver une relation dans laquelle on a trouvé une forme de bonheur et en laquelle, en dépit du désarroi, on veut encore croire ".
Cet ouvrage est une contribution importante à la compréhension des transformations contemporaines du catholicisme, qui met tout à la fois l'accent sur les modalités d'appartenance des fidèles à l'Eglise, sur les modes d'exercice du pouvoir de ses dirigeants, sur les formes d'entretien de la docilité en son sein et donc, aussi, sur les contestations et les ruptures. Mais c'est également, et peut-être d'abord, une contribution à la sociologie des institutions, qui cherche à comprendre les relations entre un collectif organisé et les multiples manières de vivre l'appartenance à ce collectif, de participer à ses activités, de le construire en pratique tel qu'il est. Ce livre posthume d'un grand universitaire catholique, qui retrace en creux un itinéraire intellectuel, est une leçon de sociologie, attentive à comprendre les différences entre la posture du spécialiste en sciences sociales et celle du théologien, respectueuse des croyances pour comprendre ce qui les rend possibles.