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Le Moyen Age a vu naître les langues romanes. L'émergence progressive de ces nouveaux systèmes linguistiques, puis leur accession à l'écrit et à la littérature, n'a pourtant pas rendu caduc l'usage du latin. Témoignent de cette résistance du latin la diglossie de nombreux locuteurs, auteurs ou copistes médiévaux, ainsi que le bilinguisme courant de leurs énoncés et de leurs productions textuelles.
Ces phénomènes ont été éclairés et illustrés par d'abondants travaux dont l'apport est régulièrement signalé par les auteurs de ce volume.L'originalité du présent recueil tient au fait qu'y sont analysées les modalités de cohabitation du latin et de la langue d'oïl dans les textes du Moyen Age central et tardif. Cette réflexion collective, adossée à un souci permanent de définition théorique, se montre attentive à l'évolution chronologique, depuis les Psautiers bilingues du xiie siècle jusqu'aux imprimés du xvie siècle.
Elle est sensible aussi à des enjeux variables, depuis l'enseignement élémentaire de la grammaire ou du vocabulaire jusqu'à la mise en oeuvre de dispositifs esthétiques complexes. En s'appuyant sur les témoins – pour la plupart manuscrits – qu'a pu susciter la double compétence linguistique médiévale, les auteurs du volume interrogent la conception des textes bilingues, leurs conditions d'élaboration, leur transmission, leur réception.
L'insertion souvent discrète de fragments latins au sein de textes français, tout comme la présence plus rare de la langue d'oïl au sein de manuscrits latins, se lit alors comme un mode d'expression aussi raffiné que spontané, susceptible d'enrichir les usages prévus pour le texte enchâssant. Au-delà, l'ensemble de ces études permet d'entrevoir la conscience linguistique des locuteurs du Moyen Age.