«Constatons seulement, et pour que les moins entraînés y réfléchissent, constatons la lutte éternelle, inégale, et que la société moderne, avec ses industries de toute sorte, n'a fait que rendre plus dure. La fable antique parle d'un berger ou chevrier, Comatas, qui, pour avoir trop souvent sacrifié de ses chèvres aux Muses, fut puni par son maître et enfermé dans un coffre où il devait mourir de faim ; mais les abeilles vinrent et le nourrirent de leur miel.
Et quand le maître, quelque temps après, ouvrit le coffre, il le trouva vivant et tout entouré des suaves rayons. De nos jours, trop souvent aussi, pour avoir voulu sacrifier imprudemment aux Muses, on est mis à la gêne et l'on se voit pris comme dans le coffre ; mais on y reste brisé et les abeilles ne viennent plus.» SAINTE-BEUVE Georg de Muralt est né à Turnhout (Belgique) en 1981. Licencié ès Lettres, il est actuellement professeur de français et vit en Suisse.
Il a publié, aux Editions Mélibée, 279, poésie (2012). Dès les premières pages, on sait que l'on tient entre les mains un ouvrage atypique. Sous forme de triptyque, le poète arpente son chemin personnel, empruntant à chaque fois une voie différente. En vers libre et mêlé, De Temporibus oscille entre le matérialisme de la chute et la suspension du vide alors que le vers en prose de Clair-Obscur est un prisme aux multiples facettes, un joyau éblouissant.
279 et des poussières est un retour, en douceur, au vers classique. Le dernier grain est ainsi soufflé... Georg de MURALT réussit à sonder les abîmes de l'âme, s'abîmant lui-même sans jamais se perdre. Il nous livre un ouvrage léger comme le vol de l'oiseau, tout en étant riche d'un imaginaire qui trouve sa source dans les mythes qui fondé notre conscience collective.