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Dans la guerre, les identités se perdent. Tu pourrais en acquérir une nouvelle par décret arbitraire ou elle te serait imposée juste par erreur. Tu pourrais être une femme voilée qui ploie sous le joug d'un époux machiste, d'une communauté religieuse rigoriste et de parents intolérants, et tu serais considérée comme une révolutionnaire ou une terroriste parce que les soupçons de l'officier du barrage de Deraa se porteraient sur une valise.
Ce rôle pourrait te convenir et tu le jouerais pour un laps de temps comme cela s'est passé avec Saba. Il te délivrerait de tes terribles inhibitions sauf qu'il te jetterait dans la gueule du loup. Comme tu pourrais être un héros rebelle, affranchi et libre, à l'instar de Chaza, sauf que tu t'effondrerais broyé par la machine à torturer et à tuer après qu'on a eu abusé de toi dans ton honneur et ta famille.
Quoi qu'il en soit, et qui que tu sois, ta liberté de choix te sera retirée et tu seras à égalité avec les autres à ce barrage. Ici, c'est la fin de toutes les possibilités et de toutes les identités. Ici, c'est la fin évidente et implacable d'un commencement qui t'a toujours privé d'être ce que tu es et de souhaiter ce que tu désires. Ici se manifeste la réalité amère sans fard. Ou peut-être le commencement de toutes les fins.