La maladie, je la mettrai dehors ! C'est Maman qui m'a expliqué : dans mon corps, c'est comme à la télé. Ou le jeu qu'on joue avec mes cousins : il y a des gendarmes et il y a des voleurs. Les voleurs sont méchants, les gendarmes sont gentils. Les voleurs fuient, les gendarmes les chassent. Le docteur me donne des médicaments : ce sont les gendarmes. Ce ne sont plus des poudres ou des sirops comme ceux que je prenais avant, ce sont de grosses poches de liquide transparent qui coule directement dans mon corps pour chasser les voleurs.
Alors moi, je lui ai dit, à Maman : "La maladie, je la mettrai dehors !" Et je l'ai répété à Papa qui a eu l'air très fier de moi, et puis au docteur aussi, qui m'a souri lui auss. A cinq ans, Anne-Lise est une petite fille comme les autres. Peut-être même un peu plus : vive et maligne, montée sur ressort, c'est le boute-en-train de la famille et la mascotte de l'équipe de foot de son village. Une tendre enfance.
Jusqu'à ce jour de janvier 1992 où est diagnostiquée une leucémie. Tout bascule vers une nouvelle vie faite de luttes constantes que la petite fille aborde avec le même entrain qu'un match de foot. Elle vit la maladie comme un jeu. Et, après deux ans d'épreuves, Anne-Lise finit par gagner. Les années passent, le spectre hideux plane toujours mais cela ne l'empêche pas de se jeter dans la vie. Naissance de son frère et de sa sour, premier amour, premier pas dans la vie professionnelle.
toutes les expériences sont vécues dans une urgence de vie et de bonheur. Le cancer, hélas, viendra prendre sa revanche, et finira par emporter la belle. Évitant soigneusement tout pathos, le récit écrit à la première personne, comme si c'était Anne-Lise qui tenait la plume, relève à la fois du journal intime et des mémoires. Beaucoup de chance malgré tout est l'hymne à la vie d'une jeune fille qui n'a jamais baissé les bras.