Même en exerçant la fonction de " serpillologue " patentée, Aminata, " Tata " pour les intimes, sévit sur la ligne 13 où elle n'a de cesse d'observer les agissements des usagers. Cette observatrice de la faune souterraine possède un don inéluctable pour déceler les défauts de cette marée humaine dont elle reconnaît, à coup sûr, les moindres tares et vices. Tour à tour accusatrice, défenseuse, juge ou avocat, aucun de ces spécimens de foire ne trouve grâce à ses yeux.
Pour cette raison, elle veut changer d'orientation professionnelle et devenir " psychologue " engagée par la RATP à laquelle elle a adressé une demande d'emploi en bonne et due forme. En même temps, elle a retiré un dossier de demande de logement pour s'éloigner définitivement de sa famille et recommencer une nouvelle vie. Un mari " shooté " au tiercé, mais qui ne gagne jamais rien, au point de mettre le foyer en péril pour avoir joué l'argent destiné aux dépenses du quotidien, sans parler des enfants qui jouent les filles de l'air à force d'être constamment dehors, font partie d'un quotidien auquel elle veut mettre un terme.
N'allez pas lui dire du mal de la ligne 13, SA ligne 13 pour laquelle elle a un sentiment quasiment ambigu fait d'attirance et de rejet à la fois. Tata ne s'en laisse pas conter et elle sait de quoi elle parle lorsqu'elle évoque cette double vie que lui impose cette ligne mythique qui l'a pratiquement mise à terre mais qui, paradoxalement, lui a redonné... goût à la vie. Ainsi, chaque matin, elle quitte son lit sans regret, en vue de " se faire la main " sur les lève-tôt que sont certains usagers de la ligne 13 ; notamment les immigrés qui constituent des cobayes de choix et qui alimentent la plupart de ses dialogues/monologues intérieurs.
C'est qu'Aminata n'est pas dépourvue de cervelle : elle a même un " bac Plus d'études ". Mais personne n'a voulu lui donner sa chance pour occuper un emploi digne de ses qualifications qu'elle n'a pas usurpées !