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Avec Carmina, le premier recueil de Jean Miniac, nous gardons l'esprit des enchantements latins, toute rhétorique bue : du côté de Corbière et de Laforgue, sous le charme désinvolte de la plus vive acuité, quand la fantaisie élégiaque nous démontre, en un lyrisme prestement contrarié, que l'approche minutieuse du sentiment, à l'égal du sens, confine au paradoxe : rien de plus subtilement juste que cette parole qui tour à tour s'exalte, galège ou chansonne du fond d'une très savante nostalgie d'enfant joueur.
L'auteur nous ouvre le chemin baroque de l'ange avec des plans américains dans les nuages dignes de Tiepolo. Ses incipits rimbaldiens procèdent d'une croyance de jeteur de sort : on peut transformer le monde en nourriture exquise par rapts et subterfuges, avant la sereine dépossession des vies mêlées. Miniac use volontiers de néologismes, de l'ellipse cavalière et de la réticence allusive, au moyen d'un style à pattes félines, griffes et velours, mobile, tout en rebonds.
Cet esprit de litote active, en bel exercice langagier conçu comme chatoiement harmonique, tord une fois de mieux le cou à l'éloquence, dans les salons icariens du bel azur. Hugo Horst.