En cours de chargement...
Quand une jeune enseignante quitte son collège de ZEP pour se lancer, euphorique, dans une thèse, elle n'imagine pas le chemin de croix sur lequel elle s'engage... Autour de Jeanne défile l'univers des thésards : le directeur de recherche charismatique, expert dans l'art d'esquiver les doctorants qui attendent fébrilement la lecture de leurs pavés ; la secrétaire usant de toute l'étendue de son pouvoir d'inertie dans le traitement des dossiers dont on l'accable ; les colloques soporifiques où sont livrés en pâture les aspirants chercheurs ; les amphis bondés de première année devant lesquels ils s'aguerrissent en étrennant des cours laborieux payés au semestre et dont ils recueillent les fruits dans des copies désarmantes de candeur ; la jungle de la compétition académique et le dénuement d'une université malmenée ; la famille et les amis qui n'y comprennent rien ; l'infortuné compagnon endurant par procuration le calvaire de cette thèse qui n'en finit pas...
A la manière d'un récit d'apprentissage, avec drôlerie et finesse, ce roman graphique raconte le quotidien de doctorants qu'on compte aujourd'hui en France par dizaines de milliers et qui, comme Jeanne, poursuivent leur recherche comme une quête existentielle. Vous en connaissez forcément. Après avoir lu ce livre, vous ne leur demanderez plus : "Alors, cette thèse ?" Après trois ans de thèse de littérature et un travail administratif au sein de l'école doctorale d'une grande université parisienne, Tiphaine Rivière a ouvert un blog illustré, "Le bureau 14 de la Sorbonne", et s'est réorientée vers la bande dessinée.
c'est tellement vrai...
Jeanne avait un rêve: faire une thèse.
un beau jour, un courrier arrive: son sujet est accepté. Cependant elle devra s'autofinancer.
Trop excitée pour prendre en compte tous les changements que cela pourrait engendrer, elle se lance. Lâche son job dans un collège (après tout elle sera chargée de cours!) et plonge dans cet océan (déjà surpeuplé).
Oui mais voilà, l'univers des thésards est très loin de celui des bisounours. Les maigres heures de cours qu'elle doit donner ne rapportent pas grand chose, il va falloir prendre un second job. Les autres étudiants ne partageraient leurs préparation de cours de l'an dernier pour rien au monde. Et que dire se son propre monde? Son couple est envahit par les livres et son sujet trône tel un éléphant au milieu de leur (petit) salon. Sa famille n'a aucune considération pour son travail et la dénigre constamment... Pourtant elle le veut ce doctorat, elle s'est abattue pour ça!
Arrivera t'elle à terrasser Kafka? Et si oui, à quel prix?
Si vous avez tâté de l'étude supérieure, pas besoin d'aller aussi loin que la thèse, vous ressentirez toute l'authenticité du récit de Jeanne.
On rit pour ne pas pleurer de notre propre condition par moment, mais c'est tellement vrai. Les galères d'argent qui bouffent notre précieux temps. Les disputes parce que nous sommes trop accaparés/ées par notre sujet. La place qu'il prend à la maison (littéralement, ça en fait des bouquins, malgré les prêts interbibliothèques)...
Une catharsis.
Mais attention, tout n'est pas noir, il y a de l'espoir dans cette petite pépite. Et heureusement!