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Le rapport avec les détenus demeurera une constance de l'épiscopat du cardinal Martini. Le dévoilent une large correspondance épistolaire avec beaucoup d'entre eux et de fréquentes visites dans des prisons. Cela l'a conduit à développer une réflexion sur la peine et sur les conditions de vie en prison, soit par les paroles qu'il adresse directement aux détenus, soit par des textes destinés aux acteurs pénitenciers, aux aumôneries de prison ou à des congrès de type juridique.
L'ensemble de ces contributions révèle une analyse structurée, visant à promouvoir la réforme du système pénal. Le présent volume permet de reconstruire cette analyse et l'offre comme objet de méditation à la conscience de tout citoyen. Il ne s'agit donc pas de prendre acte de l'existence et du rôle effectif de la prison pour encourager ou exhorter spirituellement le condamné ou encore pour solliciter en faveur du détenu l'intervention d'un type d'assistance religieuse qui soit dépourvue de sens critique.
Le parcours proposé par Martini va au contraire au coeur du problème : il s'interroge sur ce que signifie agir vraiment selon la justice, même face à la destruction des rapports humains qui, dans un délit, peut se manifester de façon plus ou moins intense. Confrontée au concept biblique de justice salvifique, il s'ensuit une argumentation politico-criminelle fort pénétrante. Celle-ci peut surprendre un non-juriste uniquement si l'on oublie combien l'ouverture à la nouveauté de la part du droit pénal a trouvé assez souvent au cours de l'histoire des impulsions extérieures.
Le lecteur sera également surpris par le ton profondément respectueux et souvent affectueux dont use le cardinal quand il se trouve au milieu de détenus et de détenues : c'est là plus qu'ailleurs, leur dit-il, qu'il comprend sa vocation de prêtre et d'évêque. Son message lui était viscéral.