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La gauche n'aime pas le pouvoir et fait perdre la gauche. En
deux siècles de démocratie partout dans le monde, elle a
gouverné bien moins que la droite, dont l'électorat n'est pas si
pudibond et sait qu'il faut d'abord l'avoir, le fameux Pouvoir.
La gauche qui parle, celle qui influence l'opinion, trouvait
Mitterrand à peine élu déjà trop habile. C'est la même qui aux
Etats-Unis fit perdre Gore en votant Nader, ainsi put-elle
déplorer Bush pendant huit ans.
C'est elle encore qui en Italie
congédia Prodi pour avoir Berlusconi. En France, le 21 avril
fut tout sauf un accident. Il résume ce que diagnostique ce
livre : le bovarysme de gauche, la "belle âme" qui trouve
toujours que la gauche responsable n'est "pas assez à gauche".
Cette gauche d'insatisfaction pratique l'éthique
d'irresponsabilité. Et pourquoi? Parce qu'elle voit
compromission dans le compromis, qui est pourtant
l'élémentaire levier de la politique.
En décrivant les épisodes
symptomatiques de la vie électorale des trente dernières
années en Europe et aux Etats-Unis, cet essai dégage l'épure
d'une tendance d'anthropologie politique si longtemps
suicidaire pour le peuple de gauche, et qui touche peut-être à
sa fin.