Le 20 mars 1998, Charles MILLON, rénovateur professionnel prenait la droite en otage. En acceptant de se faire élire à la présidence du Conseil régional Rhône-Alpes avec les voix du FN, l'ancien ministre de la défense nationale a accordé au Front national la reconnaissance symbolique que ce dernier attendait. Plusieurs fois condamné pour incitation à la haine raciale, le parti héritier de la collaboration est devenu un allié acceptable pour une fraction de la droite traditionnelle. Un partenaire possible pour un futur gouvernement. Pur opportunisme ou stratégie de longue date ? Les explications concernant la conduite de Charles Millon ne manquent pas. Toutes soulignent l'instinct et le carriérisme d'un homme de réseaux, éloigné des états-majors parisiens, dont la survie politique passe par le débordement des leaders de la droite classique. Pourtant négliger la part des convictions qui ont amené Charles Millon à créer son propre mouvement national d'action politique - La Droite - constituerait une grave erreur. En imposant le FN comme point obligé de la recomposition des droites, le président de la région Rhône-Alpes a crevé le glacis qui maintenait sous veilleuse les principes d'une philosophie politique invalidée par l'histoire. Depuis le 20 mars 1998, un espace a été ouvert sur la scène politique française ; une certaine France sort de l'hibernation. Cette France catholique et traditionnelle, marquée par le vichysme, Charles Millon ne l'a jamais oubliée. Depuis le 20 mars 1998, il lui a donné un nom, un mouvement, et un nouveau porte-parole.
