Biographie de Philippe Soupault
Philippe Soupault est né à Chaville le 2 août 1897, dans une famille de la grande bourgeoisie. Après une enfance marquée par la mort de son père, en 1904, et ses lectures, notamment Gide et Rimbaud, Soupault rêve de liberté et est révolté par la guerre. Malheureusement, le jeune bachelier en droit romain et droit maritime est mobilisé en 1916, puis, hospitalisé à la suite d'un vaccin expérimental contre la typhoïde, réformé.
Encouragé par Apollinaire et Reverdy, il publie son premier recueil de poésie, Aquarium, en 1917, et crée avec André Breton et Louis Aragon, en 1919, la revue Littérature. Cette même année, Soupault et Breton inventent l'écriture automatique : ils écrivent en quelques jours Les champs magnétiques, texte fondateur du surréalisme, cinq ans avant la naissance officielle du mouvement en 1924. Soupault participe aussi de façon active au mouvement dada dont la liberté d'allure et l'esprit de révolte le séduisent, mais assiste avec regret aux dissensions entre les partisans de Tzara et ceux de Breton.
Poète avec Rose des vents (1920) et Westwego (1922), il devient parallèlement un romancier du "nouveau mal du siècle" et publie Le bon apôtre, son premier roman, mais Breton accueille froidement cette incursion dans le romanesque. Devenu directeur de La revue européenne, éditeur et chroniqueur, Soupault publie dans de nombreuses revues, notamment Les feuilles libres, La révolution surréaliste, des proses poétiques, des essais consacrés au cinéma et à la peinture où s'illustre la grande diversité de son talent, et des romans, notamment Les frères Durandeau (1924), Voyage d'Horace Pirouelle et En joue ! (1925) .
Son exclusion du groupe surréaliste, en novembre 1926, coïncide paradoxalement avec la parution d'oeuvres majeures parmi lesquelles un recueil de poèmes, Georgia (1926), deux nouveaux romans, Le coeur d'or et Le nègre, ainsi qu'une autobiographie, Histoire d'un Blanc (1927). L'année suivante, il publie Les dernières nuits de Paris, un chef-d'oeuvre du surréalisme. Dès le début des années trente, Soupault quitte pourtant les devants de la scène littéraire et se tourne vers le journalisme il collabore à Vu, Excelsior, etc.
Il s'engage dans l'actualité de son époque, parcourt le monde en grand reporter il ira en Allemagne, aux Etats-Unis et en URSS, crée en 1938 Radio Tunis et est nommé directeur de l'information à Tunis. Démis de ses fonctions par Vichy, il est arrêté et emprisonné pendant six mois en 1942. Pour la France libre, il contribue à la création de l'Agence France-Presse et séjourne en Algérie, en Amérique du Sud et aux Etats-Unis.
De retour en France après la guerre, il publie Journal d'un fantôme (1946), renoue avec une vie de voyages il est chargé de mission à l'Unesco, continue son oeuvre de poésie, Message de l'île déserte, Sans phrases, publie de nombreux essais, et écrit pour le théâtre et la radio. Dans les années 1970, il entreprend la rédaction de ses souvenirs, Mémoires de l'Oubli. Il meurt le 12 mars 1990.