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La poésie de Patrick Raveau nous étreint (sans nous contraindre), nous enserre (sans nous asphyxier). Avec nous elle s'enlace, dans une danse où vie et mort sont une même existence, dont le souffle des mots sait arracher les voiles. C'est à une mise à nu à laquelle on assiste : le verbe se dévêt ; la souffrance se dénude ; l'intimité se déshabille ; la densité des sens se découvre devant nous. Si le poète est un vagabond à la recherche de sentes, c'est avant tout un porteur de flamme et de symboles.
Le feu couve entre les lignes, "il brûle encore tendrement les feuilles / Orfèvre minutieux / patient, et les couvre de l'or du temps", "le feu d'airain / sur nos mers antiques". Feu de la passion ; feu qui annihile pour que la vie renaisse de la poussière ; feu, comme on parlerait d'un être qui a vécu, dont les cendres reposent en paix, tandis que le souvenir est en guerre dans la mémoire. Feu de tout bois, la poésie rayonne ; elle irradie là même où l'ombre est épaisse, tramée de mystère.
Feu ! Les mots frappent en pleine cible — lecture criblée de traces. Il n'est jamais anodin d'ouvrir un livre : on peut en sortir trembloté. Celui de Patrick Raveau frissonne, il dit ce qu'il y a de couches profondes en l'être ; sédiment après sédiment, il met au jour des parchemins enfouis ; il creuse... Daniel Leduc