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Le paysage urbain, qui engendre des visions mythiques dans le cinéma de fiction, tend à être discret dans la création documentaire, en particulier celle qui s'inscrit dans la continuité du cinéma direct et du cinéma-vérité. Si certains documentaires font perdre de vue les architectures spectaculaires ou les panoramas de carte postale, c'est pour inviter à mieux saisir la ville dans ses pratiques quotidiennes.
C'est ce cinéma de l'urbanité qu'inauguraient, en 1960, Jean Rouch et Edgar Morin avec Chronique d'un été, film de parcours et d'interactions qui propose une expérience vivante au coeur de la géographie parisienne. S'appuyant sur ce film-matrice pour analyser un ensemble de films contemporains, cet ouvrage montre comment la mise en scène documentaire peut devenir agent d'une urbanité démocratique à l'heure de la globalisation et du néolibéralisme.
Car pour Johan van der Keuken à Amsterdam, Richard Sandler à New York ou encore Shannon Walsh à Montréal, faire un film permet autant de témoigner que de prendre part à la vie urbaine aux côtés de citadins ordinaires. Comment rendre compte de ce rapport dynamique entre images et praxis ? Par une analyse sensible à la façon dont les forces de l'urbanité (mouvement, interaction, gentrification...) rencontrent des formes filmiques (cadre, son synchrone, montage...).
Nourrie par l'apport des études urbaines, cette approche esthétique envisage comment le cinéma documentaire a le pouvoir de représenter et de pratiquer l'espace au présent, tout en projetant des villes à venir.