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PRESENTATION : I. Eusèbe de Bremond d'Ars n'était pas un isolé. Si grandiosement solitaire que brillât son "Etoile sévère" dans le firmament de la poésie française, il appartenait à une constellation, celle de l'Amitié de France, et cette Amitié de France avait activement participé à cette renaissance catholique du début de notre siècle dont l'importance est telle qu'il faut remonter au romantisme chrétien de la Restauration pour en trouver une analogue.
De même que ce romantisme se réclamait de Chateaubriand, de Maistre et de Lamennais, les jeunes poètes de l'Amitié de France revendiquaient comme leurs maîtres Bloy, Péguy, Claudel et Francis Jammes, alors que ceux-ci étaient encore bafoués et tenus pour suspects par leurs contemporains bien-pensants et les milieux académiques. Chapitre de notre histoire littéraire pour ainsi dire vierge encore et assez compliqué, mais qui réservait à votre curiosité toute neuve de licencié ès lettres bien des surprises - et bien des joies.
Il est très vrai que tous les chemins de Dieu ne sont pas ceux de notre logique conceptuelle. Eusèbe de Bremond d'Ars vous avait conduit à l'Amitié de France et l'Amitié de France vous forçait à découvrir son fondateur, Georges Dumesnil, professeur à 1'Université de Grenoble. Il revenait de très loin. Féru des idéologies de la Révolution, à peine reçu agrégé, il avait commencé par être un zélé collaborateur de Ferdinand Buisson dans sa campagne de laïcisation de l'enseignement, puis, comme tant d'autres intellectuels de ce temps-là, il s'était converti et avait fondé en 1907 son Amitié de France.
Il avait précisé qu'elle ne serait pas une revue, mais un journal de philosophie, d'art et de politique et s'appliquerait à ne retenir de l'actualité que ce qui présenterait une valeur morale incontestable. Elle se déclarait catholique dans son inspiration et sa direction. "Un éveilleur d'âmes" , avez-vous appelé très justement Georges Dumesnil. Malgré son dogmatisme un peu raide, mais d'une humilité touchante chez un philosophe et qui approcha souvent de la grandeur, il était ouvert à des tendances d'esprit différentes des siennes pourvu qu'elles fussent saines et dans la ligne du génie français.
Et c'est ainsi que prirent naissance à l'Amitié de France le Bulletin des Professeurs Catholiques de l'Université de Joseph Lotte en 1911 et les Cahiers de 1'Amitié de France en 1912. Chacune de ces deux publications avait sa manière personnelle d'envisager son action qui différait, chez l'une comme chez l'autre, des conceptions de Dumesnil, mais elles avaient en commun avec lui les mêmes vertus de foi et de loyauté.
II. Une seule biographie de Joseph Lotte a été publiée : celle que M. l'abbé Paris rédigea avec piété dès 1915. Depuis, Joseph Lotte a toujours été considéré seu1ement comme "un compagnon de Péguy" ; et pourtant, il avait sa personnalité propre. C'est pourquoi, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Lotte et de Péguy, L. -A. Maugendre a voulu