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Celui de sa compagne vomissant sans cheveux dans la cuvette des wc ; le même sortant de l'hôpital ou celui des voyageurs traversant d'un pas indifférent le hall d'une gare : ici, pas de lyrisme éthéré, aucune glorification, le corps qui est ici à l'oeuvre c'est bien le corps qui chie et qui exsude. Jamais d'idéal qui viendrait arracher l'individu à sa temporalité. Et pas de transcendance. C'est d'ici et maintenant que parle le poète et c'est notre finitude qui, en vérité, s'inscrit entre les mailles du poème et dans la suite des vies que le livre fait défiler devant nos yeux.
Et le quotidien sans hauteur de nos vies sans destin. Mais c'est parce qu'il aime la langue comme il aime les corps que le poète, s'emparant des questions d'identité qui obligent à modifier nos regards, sans jamais faire discours, enlève aux mythes leur majuscule et met des "e" aux adjectifs. Comme la main qui s'invente des gestes sur la peau qu'elle désire, aussi aimante et familière, la langue ici ose la beauté des élans et la crudité de nos gestes.