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Quatorze chercheurs, spécialistes d'arts, de littérature ou d'histoire interrogent les métamorphoses du mythe d'Orphée en France, au long de près d'une centaine d'années, et au-delà : des créations, viennoise puis pari-sienne (1762 ; 1774), du chef-d'oeuvre de Gluck, à la reprise qu'en fit Berlioz (1859), ou même à la lecture que fit du mythe, au XXe siècle, le musicien-explorateur Pierre Schaeffer.
Jusque dans les années de ta Restauration, l'art du musicien viennois - l'"Orphée allemand" - joua son rôle de référence majeure dans le domaine de l'art lyrique. L'opéra d'Orphée fut ensuite, pendant quelques décennies, beaucoup moins présent à la scène ; cette "nuit d'Orphée", peut-être, constituait le prélude nécessaire à la renaissance de l'oeuvre-phénix en 1859, Pauline Viardot tenant le rôle-titre.
En un fascinant jeu de doubles et d'oppositions - intelligibilité de la forme articulée et sensible évidence de la couleur, dialectique expressive du vocal et de l'instrumental, dualité sexuée de la distribution vocale du rôle titre - d'un Orphée, l'autre, le chef-d'oeuvre semble anticiper le nietzschéen "éternel retour du même". Advient ainsi une métamorphose du mythe ancien, dont hérite l'ère contemporaine naissante.
L'impassibilité olympienne, l'héroïsme hiératique de l'Orphée néoclassique ne survivent pas à l'essor du XIXe siècle, mais la vision plus humaine qui peut alors se dessiner célèbre bien toujours le même don suprême que le demi-dieu fit à l'homme : la poésie.