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Sylvain Tesson, pour rassasier son besoin de liberté, a trouvé une solution radicale et vieille comme les expériences des ermites de la vieille Russie : s’enfermer seul dans une cabane en pleine taïga sibérienne, sur les bords du Baïkal, pendant six mois. De février à juillet 2010, il a choisi de faire l’expérience du silence, de la solitude, et du froid. Sa cabane, construite par des géologues soviétiques dans les années brejnéviennes, est un cube de rondins de trois mètres sur trois, chauffé par un poêle en fonte, à six jours de marche du premier village et à des centaines de kilomètres d’une piste.
Vivre isolé du monde nécessite avant tout de s’imposer un rythme. Le matin, Sylvain Tesson lit, écrit, fume, ou dessine. Puis ce sont cinq longues heures consacrées à la vie domestique : il faut couper le bois, déblayer la neige, préparer les lignes de pêche, réparer les avanies de l’hiver… Le défi de six mois d’ermitage, c’est de savoir si l’on réussira à se supporter. En cas de dégoût de soi, nulle épaule où s’appuyer, nul visage pour se lustrer les yeux.
L’inspecteur forestier
Chabourov qui l’a déposé sur cette grève le premier jour le savait. Il lui a glissé, énigmatique, en se touchant la tempe : « Ici, c’est un magnifique endroit pour se suicider ». La solitude finira par se révéler fertile : quand on n’a personne à qui exposer ses pensées, la feuille de papier est un confident précieux ; le carnet de note, un compagnon poli. C’est ce journal que nous offre à lire Sylvain Tesson.
En notant minutieusement, presque quotidiennement, ses impressions face au silence, ses luttes pour survivre dans une nature hostile, ses désespoirs, ses doutes, mais aussi, ses moments d’extase, de paix intérieure et d’osmose avec la nature, Sylvain Tesson nous fait partager une expérience hors du commun. Finalement « la vie en cabane apprend à peupler l’instant, à ne rien attendre de l’avenir et à accepter ce qui advient comme une fête.
Le génie du lieu aide à apprivoiser le temps ». Une expérience comme seule la littérature peut la ressaisir afin qu’elle ne soit pas seulement une aventure isolée, mais une aventure exceptionnelle à la portée de tous.
DANS LES FORETS DE SIBERIE
Sylvain Tesson, grand voyageur, rêve un jour de partir 6 mois au bord du lac Baïkal. Rêve qu’il réalisera dans une cabane au milieu de nul part. Voyage immobile, contemplatifs. Il n’oubliera pas d’emporter pour ce voyage de la vodka, des cigares mais également une caisse de livres, « lectures en retard ».
Ainsi, entre février et juillet, il va vivre en ermite dans une cabane de 9 m². Va être écrit pendant cette période un journal ou vont se mêler de magnifiques descriptifs de cette nature, des pensées et des réflexions personnelles sur le monde, la place de l’homme dans notre société, sur notre rapport de l’espace et du temps. Tout cela pendant de longues heures de contemplation ou par la lecture de livres littéraires, philosophiques…
Il fera également des rencontres qui vont lui faire redécouvrir le bonheur simple de l’instant partagé. Mais retrouvera toujours avec plaisir sa solitude.
Je suis ressortie enrichie de cette expérience partagée à travers ce journal, et cela m’a remis en mémoire le film « Dersou Ouzala ».
Et secrètement, cela m’est arrivé de faire ce rêve, mais c’est un défi que je ne tenterais pas.