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Publié pour la première fois à Vienne en 1933, à l’heure où les avant-gardes succombaient sous le joug du nationalisme, l’essai d’Emil Kaufmann De Ledoux à Le Corbusier, origine et développement de l’architecture autonome proposait une interprétation inédite de l’architecture moderne. L’auteur considère que la rupture avec la tradition issue de la Renaissance, clamée par le Mouvement moderne, est déjà présente dans l’architecture de la période révolutionnaire du XVIIIe siècle.
Aussi, puisque mieux que tout autre Claude-Nicolas Ledoux incarne cette rupture, il s’emploie, avec la force de la conviction, à le tirer de l’oubli. Soulignant que l’on assiste, avec cette période, à l’éclatement de l'"enchaînement" baroque, Kaufmann identifie le passage d’une architecture hétéronome à une architecture autonome. Le concept d’autonomie de l’architecture constitue la clé de voûte de sa démonstration.
Cette autonomie se traduit par l’indépendance des parties de l’édifice et des édifices entre eux, par la liberté des dispositions intérieures, par le recours à la géométrie élémentaire. Déterminées par une logique tectonique, les formes se libèrent des lois étrangères à l’univers de l’architecture que sont celles des ordres, en raison de leur caractère anthropomorphique, ou celles provenant de la doctrine du beau.
Kaufmann tente également d’établir une filiation entre les formes architecturales et les structures sociales. Ainsi, dans les aspects formels des projets de Ledoux, il discerne des analogies avec la structure de la nouvelle société bourgeoise. Formée d’individus isolés et libres, cette dernière se refléterait dans l’architecture pavillonnaire, également appelée "système des blocs".