En cours de chargement...
Holl, fils naturel d'un puissant fermier de la région de Salzbourg et d'une journalière auprès de laquelle il a passé sa première enfance, est rendu à son père alors qu'il est âgé de six ans, et jeté au travail. Le livre est la chronique des onze années, de 1950 à 1961, qu'il passera ainsi à la ferme. "Belles années" de l'enfance, en fait les années terribles d'un inimaginable calvaire. Nous sommes dans l'Autriche d'après-guerre : monde proche dans le temps et l'espace, connu de tous, familier presque.
Et cependant nous sommes dans un univers d'un autre âge, de ceux que les historiens tentent de reconstituer à l'aide de traces, de vestiges, parce qu'ils n'eurent pas de témoins. L'étonnant est précisément ici que ce monde a son témoin, vivant, violent, impitoyable autant par la force propre de son témoignage que par la force de son écriture : c'est l'auteur, l'enfant Holl, âgé d'une trentaine d'années à peine lorsqu'il écrit.
L'importance de ce livre est grande. On l'a relevé, c'est seulement de nos jours que le monde paysan commence à s'exprimer par les moyens de l'art, grâce à certains de ses enfants qui ont pu accéder à la culture sans pour autant renier leur origine. Phénomène qui mit fin au "roman paysan" traditionnel ("Holl en lut deux et en fit aussitôt du papier-cul") en même temps qu'il nous force à réviser toutes les notions de "modernité" qui sont les nôtres.