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"La vérité, c'est vieux comme le monde...". Cette réplique du film Les Enfants du paradis, Tomás Ibánez l'a faite sienne depuis belle lurette. L'anarchisme aussi, c'est vieux comme le monde, se disait-il déjà au temps de sa jeunesse ardente. Mai 68, qui fut un moment de révélation et de rupture, le confirma dans ses intuitions : l'anarchisme, cette école d'émancipation par excellence, devait d'abord s'émanciper de nombre de ses propres dogmes pour ne pas mourir d'obsolescence.
"Néo-anarchiste" assumé et déjà relativiste, toutes les " vérités " admises du vieux corps de doctrine devaient, pensait-il, être soumises à débat. Depuis, il ne cesse de remettre le couvert en cultivant sa passion pour le braconnage et les chemins de traverse. De là à en faire un postmoderne habité par la seule manie de la déconstruction, il y aurait maldonne. Car, si Tomás Ibánez puise beaucoup de son inspiration aux concepts de Michel Foucault - dont la découverte fut certainement l'autre révélation de sa vie -, c'est pour les intégrer à cet anarchisme hétérodoxe qui est le sien et les précède.
Autrement dit, ils l'aident à penser en libertaire irrévérencieux ce monde qui est le nôtre, et surtout les nouvelles résistances - aussi inattendues que contradictoires - qu'il suscite.