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Instruire une élite populaire en l'empêchant d'acquérir la culture officielle pour limiter sa promotion : tel a été, pendant longtemps, le rôle objectif de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, installée par la Troisième République au sommet de l'enseignement primaire. A l'écart de la filière chargée du renouvellement des élites bourgeoises, elle reçoit les meilleurs des élèves-maîtres pour en faire les cadres de l'enseignement réservé au peuple.
Transformée à la Libération en ENS du second degré, elle est théoriquement cantonnée à la préparation du CAPES et conserve une clientèle populaire ; favorisée par l'explosion scolaire, elle s'impose comme centre efficace de préparation à l'agrégation et comme voie d'accès aux carrières universitaires. Après l'alignement de ses missions, de sa scolarité et de sa préparation sur celles de la Rue-d'Ulm, elle est investie par les couches favorisées.
Cet ouvrage permet d'apprécier, dans une vision d'ensemble, l'idéologie et le fonctionnement de "l'ordre primaire" institué par les républicains opportunistes, et les difficultés de l'unification du système scolaire légué par le XIXe siècle. La métamorphose du recrutement de Saint-Cloud éclaire, en outre, d'une manière significative, l'usage social des filières d'enseignement supérieur dans la France de la seconde moitié du XXe siècle.