Je tiens pour assuré que les langues de tous les pays, aussi bien l'arabique et l'indienne que la romaine et l'athénienne, sont de même valeur et par...
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Résumé
Je tiens pour assuré que les langues de tous les pays, aussi bien l'arabique et l'indienne que la romaine et l'athénienne, sont de même valeur et par les mortels formées à une même fin et d'un même jugement ; et je ne voudrais pas que vous en parliez comme de produits de la nature, car elles sont faites et réglées par l'artifice des hommes, à leur arbitre, non point plantées ni semées ; et nous en usons comme de témoins de notre esprit, quand nous nous signifions les conceptions de notre intellect. [...] C'est la raison pour laquelle, de même que sans changer de moeurs ou de nation le Français ou l'Anglais, et non seulement le Grec ou le Romain, peut s'adonner à philosopher, de même je crois que sa langue native peut transmettre parfaitement à autrui sa doctrine. Donc, traduire de nos jours la philosophie, semée par notre Aristote dans les champs fertiles d'Athènes, de la langue grecque à la vulgaire, ce ne serait pas la jeter parmi les pierres, au milieu des bois, où elle deviendrait stérile, mais ce serait la faire de lointaine proche, et d'étrangère qu'elle est, citoyenne de toutes nos provinces.