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Avec Dis solution, maman, dis, Cyril Laucournet plonge le lecteur dans une logorrhée hypnotique, une sorte de huis clos à trois personnages : un fils, une mère... et le langage. Dans un précipité de phrases courtes, heurtées par un point, puis relancées à l'infini de leurs variations, le texte expose une double obsession : le rapport mère-fils, ô combien névrosé, et le sens des mots, la folie des définitions, la recherche du terme juste, jusqu'à épuisement, car "un mot à la place d'un autre et le monde est confus" .
Comme par contagion, l'obsession des définitions s'étend à des descriptions d'objets de notre modernité : un meuble années 60, le packaging d'un paquet de biscuits ou cette nouvelle "mythologie" représentée par l'oxymore de la rivière "sauvage" de Center Parcs - symbole paroxystique de notre société de consommation. La parole ici n'est pas échange, mais enfermement de chaque protagoniste dans un monologue dérangeant, au rythme saccadé, dont on peut se demander s'il est réellement proféré ou ressassé dans un cerveau malade.
Mais qui, du fils qualifié de "pas comme les autres" ou de la mère exténuée et intrusive, est le plus aliéné ? Un texte oral qui procède au fil des pages à une dissolution du langage et ainsi questionne la possibilité à être, à se penser, à penser le réel. On songe à Beckett, mais aussi à Novarina ou Prigent.