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Qu'est-ce que le " Champ de Mars " qui fait de brèves apparitions dans les sources sous les premiers Carolingiens et auquel, nous dit-on, Pépin " le Bref " aurait substitué un " Champ de Mai " tout aussi énigmatique ? Quel rapport entre ce Champ de Mars et celui qui fut l'un des centres névralgiques de la Rome républicaine ? Telles sont les questions qui inspirent le présent ouvrage. Il n'y répond pas tant " de front " — les données exploitables, rares, éparses et fragmentaires n'y suffisent pas — que par petites touches, en apportant des éclairages nouveaux ou renouvelés sur un certain nombre de points choisis : l'historiographie du sujet, qui révèle, entre autres aspects inattendus, la vitalité et la permanence extraordinaires de formules d'une très haute antiquité, relayées et amplifiées par l'érudition du Grand Siècle ; l'exploration des six ou sept cents ans séparant l'original romain de l'avatar alto-médiéval, qui livre la trace ténue de continuités d'un ordre différent, liées, notamment, aux cérémonies d'investiture des princes de ce monde ; puis, au coeur de l'ouvrage, l'examen des témoins textuels de la tradition franque (diplômes mérovingiens, chronique de Nibelung, annales dérivées de celles, perdues, de Murbach, vignettes sur les derniers Mérovingiens apparentées à celle d'Eginhard, célèbre entre toutes) ; enfin, la dimension calendaire de la réforme pippinienne, son rapport supposé à l'affirmation ou à la diffusion de créneaux religieux exclusifs (Quatre-Temps, Carême).
L'enquête dont on pose ici quelques jalons prend donc en quelque sorte le contrepied des mégalographies des Lumières, si déterminantes en dépit de leurs défauts évidents — l'histoire n'était guère, alors, qu'une science auxiliaire au service de la philosophie politique.