Ecrits dyonisiens

Dans la bibliothèque, Joseph s'endort. Il repousse sa chaise pour s'étendre plus commodément, pose sa joue contre les pages du livre ouvert et sombre ainsi, parmi les effluves de poussière et de papier ranci. Il voit dans la nuit improvisée les vrillettes à l'œuvre à même le livre, y dessiner avec lenteur une figure aux contours indéfinissables, de leurs sillons aux reflets d'infini représenter un visage et puis gagner sa tête à lui, Joseph, pour y ronger des cavernes proprettes.
Il voit encore dans le jour un corps glorieux comme une torche aux reflets mêlés. Et lui adresse la parole. Qui était Denys l'Aréopagite, ou plutôt qui étaient-ils? C'est la question à laquelle Joseph, universitaire, tente de trouver une réponse en interrogeant d'anciens manuscrits. Ainsi, présent et histoire se mêlent dans une rêverie jusqu'à former un entre-deux insaisissable. Les courts textes de Xavier Galmiche, érudits, ironiques et d'une très grande qualité stylistique soulèvent aussi les problèmes de conservation de la mémoire et de son support, le livre.
Cette même interrogation se déploie dans un autre registre, celui de l'image. Les photographies d'Yves Jolivet développent une interrogation sur les niveaux de lecture d'une fresque religieuse dans laquelle les informations visuelles sont tronquées par l'effet du temps et des destructions humaines. Peut-être est-ce ainsi qu'il faut aussi considérer cet ouvrage, un lieu clos dans lequel saisissement du sens et effacement du sens des mots et images s'affrontent tour à tour, à mesure de la destruction physique du livre...