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La certitude du droit et le culte de la légalité sont les armes que le juriste, au lendemain de l'invasion de la Pologne par l'armée nazie, oppose au déchaînement de l'arbitraire et de la force infondée. Dans les années obscures de la guerre et de la dictature fasciste, Piero Calamandrei s'interroge : "Quel est le droit ? Celui du vainqueur ou celui du vaincu ? Le droit de celui qui veut maintenir ses propres lois, ou le droit de celui qui veut instaurer un ordre nouveau à la place des lois abattues ?" Dans cette conférence passionnée que Calamandrei prononce en janvier 1940, on voit en toute netteté se dessiner la ligne de démarcation entre politique et science juridique, "droit libre" des totalitarismes et tradition juridique romaine.
Qui fait la loi ? Que fait-on de la loi ? Est-elle disponible pour l'Etat ? Est-elle la propriété du juge ou de la conscience individuelle, qui pourraient à chaque instant la modifier, selon les caprices de l'opinion, de l'intérêt ou de la volonté partisane ? Suffit-il, pour éviter cet écueil, de séparer l'élaboration de la loi, qui relève du politique, de sa connaissance et de son application, relevant du juriste, qui a la garde de son histoire et de sa cohérence ? Le respect de la légalité peut-il dispenser le juriste de s'interroger sur le contenu de la loi ?